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Pour comprendre les racines du mal-être au travail persistant, il est essentiel d’analyser l’évolution du management et l’émergence d’une approche qui, bien qu’efficace sur certains plans, a pu déshumaniser le travail : le managérialisme.

Aux Origines du Management “Rationnel”

 

Le terme “Management” trouve ses racines dans le latin “manus” (main) et “agere” (agir), ou l’italien “maneggarie”, évoquant le maniement, la direction, voire le “dressage”. Cette étymologie révèle une propension initiale à la mise en conformité et au contrôle.

Le management rationnel, popularisé par Taylor à la fin du 19ème siècle, a révolutionné l’organisation du travail par la décomposition des activités en tâches élémentaires. Cette approche a permis de mieux planifier, mesurer et contrôler l’exécution du travail, contribuant à la modernisation des systèmes productifs et à une plus grande accessibilité des produits.

Les Limites et Conséquences Négatives  

 

Cependant, cette rationalisation à outrance a eu des effets pervers :

  • Une perte d’autonomie des travailleurs.
  • La création d’un clivage entre les intérêts des travailleurs et ceux des entreprises.
  • Le développement de hiérarchies rigides et de bureaucraties axées sur le contrôle et la mesure de l’efficacité.
  • L’émergence d’une logique où “l’instrumentalisation a parfois pris le pas sur l’intelligence individuelle et collective”.

Laurent Mathieu (2011) met en garde contre l’“instrumentalisation rampante”, transformant le cadre en “un simple opérateur économique, une machine à enchaîner les tâches et les dossiers”. La “ressource humaine” est alors perçue comme une simple ressource à gérer, au même titre que d’autres.

La Perte de Sens et la “Dictature du Chiffre”

 

Vincent de Gaulejac (2011) émet l’hypothèse que l’installation du mal-être au travail est liée à un système managérial qui, en se mettant au service de la rentabilité financière, abandonne sa fonction première de médiation. Il dénonce la “dictature du chiffre et la culture de l’urgence” qui s’imposent partout, nourrissant un imaginaire social où la valeur travail se réduit aux critères de rentabilité, en contradiction avec les aspirations d’accomplissement de soi des travailleurs. Cette “crise symbolique” réduit le travail à des critères purement économiques, alors qu’il devrait mobiliser un investissement mental et psychique intense.

Pierre-Yves Gomez (2019) parle d’une “hypertrophie de la dimension objective du travail” (le travail prescrit, commandé), rendant le “travail invisible” et oubliant qu’il est avant tout “réel” et porté par un Humain. Ce management, souvent qualifié de “managérialisme”, est une “idéologie de la performance soutenue par une machinerie gestionnaire” qui contraint l’individu au travail et ne contribue qu’à la performance financière. Il adopte un langage “froid”, déshumanisé, qui ne laisse que peu de place à la subjectivité humaine.

Christophe Dejours (2013) appelle à réintroduire le “point de vue des sciences du travail dans la direction des entreprises”, plaidant pour une “théorie du travail qui soit aussi une théorie de l’être humain, de l’intelligence individuelle et de l’intelligence collective” – en somme, une “théorie du ‘travail vivant'”. Le travail convoque la subjectivité, l’identité personnelle et sociale, ainsi que les fragilités des salariés, quel que soit leur niveau hiérarchique.

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