Les émotions, irrationnelles ?
Pendant longtemps et encore aujourd’hui dans certains environnements, les émotions ont souvent été vues comme un signe de faiblesse.
J’ai personnellement longtemps pensé qu’il fallait étouffer ses émotions pour avancer, s’adapter et convenir à son environnement extérieur.
Je pensais alors que ma sensibilité émotionnelle était une faiblesse et me rendait fragile.
J’étais loin de penser à l’époque que ma sensibilité constituait une de mes forces, une médaille. Cette sensibilité émotionnelle était aussi ce qui me permettait d’être à l’écoute de l’autre, de prendre soin de l’autre, de développer un réseau, de coopérer, de percevoir, d’analyser les situations et mon environnement, de prendre conscience de mes besoins….. Cette force émotionnelle contribue à des compétences telles que l’empathie, l’altruisme, la résolution de problèmes.
Étouffer ses émotions pour “être dans la norme sociétale”, ne peut qu’amener celles-ci à s’exprimer de manière inappropriée. Ce qui peut en effet arriver, c’est l’effet cocotte-minute. Cet effet va souvent réveiller l’injonction extérieure de “gérer mes émotions”.
L’injonction de “gérer ses émotions”Etymologie du mot ‘gérer” : emprunté du latin gerere, « porter, administrer, faire, exécuter » Voulez-vous gérer votre Être comme une tâche administrative ? |
Et si les émotions étaient un cadeau !
Souhaitez vous mieux connaître les mécanismes émotionnels ?
- L’étymologie latine d’émotion “emovere” induit l’action de “mettre en mouvement”. Les émotions sont des adaptations de notre organisme à des stimulus de notre environnement, nous poussant à l’action ou à la décision.
- Une émotion est un processus cognitif. Ce processus nous permet d’interpréter une situation et d’agir en conséquence. C’est un mécanisme qui n’a donc rien d’irrationnel comme il nous arrive de l’entendre.
- Une émotion est composée de plusieurs dimensions. Elle communique avec notre corps et a une influence sur nos expressions, nos comportements ainsi que notre bien-être.
- Les émotions sont indispensables à la communication et aux relations sociales. La sensibilité émotionnelle peut faire peur. Cependant, abandonner cette sensibilité, c’est aussi renoncer à des qualités précieuses comme l’écoute et l’empathie.
- Les émotions ne sont ni “positives” ni “négatives”, elles sont un indicateur et une chance ! A condition qu’on les écoute et qu’on les prenne en compte, il est possible d’établir un véritable partenariat avec elles. Ce sont des mines d’information sur la situation et sur nos besoins.
Les émotions sont des outils essentiels dans nos vies, elles nous guident !
Les émotions primaires
- Il existe 4 émotions primaires fondamentales.
- Les émotions sont déclenchées par une situation, elles expriment un besoin.
- Elles ont un impact sur le comportement humain, elles peuvent nous pousser à mettre en place des stratégies d’évitement face à une surabondance d’émotions ou face à un ressenti désagréable. Éviter ces émotions décuple l’impact de celles-ci.
- Etre au cœur des émotions. C’est écouter, comprendre, exprimer ses émotions pour être plus à même de prendre des décisions.
La Peur
La peur exprime un besoin de maîtriser de la situation, de contrôler, ou de se rassurer.
La peur est déclenchée par un danger réel ou fantasmé, par la répétition de situations ou évènements douloureux
Elle peut pousser à vouloir garder à distance la situation redoutée, ce qui peut entraîner une certaine passivité, de la procrastination, une adaptation ou sur-adaptation, de l’obéissance. Finalement, elle peut nous amener à refouler nos propres désirs.
Thomas, un lycéen en terminale
Thomas redoute les oraux. Il se dit qu’il n’a jamais été bon pour présenter un exposé, ou pour parler en langue.
Thomas a peur du grand oral, il procrastine. Il préfère oublier l’échéance en sortant avec ses ami(e)s, ou en regardant Games of Thrones. Le plaisir de l’instant lui permette d’oublier le rendez-vous fatidique.
Stratégie risquée puisque le fait de pousser la préparation de l’examen va lui générer du stress au pied du mur.
La Tristesse
La tristesse exprime un besoin de lien.
Elle est déclenchée par une perte réelle et fantasmée, un changement (un changement entraine des gains et aussi des pertes, même lorsque le changement est voulu), une rupture ou la déception de ne pas avoir réalisé un idéal.
Pour éviter la tristesse, l’être humain peut avoir tendance à se mettre en retrait, à refuser des rencontres ou activités. La tristesse est généralement associée à une perte d’énergie.
Leila, 30 ans
Leila va déménager en Loire-atlantique.
Elle a choisi de commencer une nouvelle vie avec sa famille au bord de la mer. Ce changement l’enthousiasme. Elle l’a attendu.
Et pourtant, une fois les cartons déballés, la tristesse l’envahit.
En effet, dans tout changement, on fait face à une perte.
Ces phases de tristesse la poussent à s’isoler de peur d’être incomprise face à cette émotion.
La Colère
La colère exprime un besoin d’être écouté, accepté. Elle exprime également un besoin de réparation ou de justice.
La colère est déclenchée par le sentiment d’avoir subi un dommage, une injustice, par le sentiment que quelqu’un d’autre a franchi une limite, a fait preuve d’un manque de respect ou de reconnaissance.
La colère pousse à vouloir obtenir réparation. Le comportement généré dépendra alors de l’intensité de la colère.
Nicolas, 25 ans
Nicolas a trop de travail dans son quotidien. Il en fait part en réunion d’équipe, il exprime sa colère de façon assertive et posée. Son manager qui a un agenda à mener, et lui-même ses soucis à gérer au quotidien, ne porte pas attention à l’émotion exprimée.
Nicolas ne se sent alors pas entendu et sa colère est naturellement amplifiée….
La Joie
La joie est partage, accompagne la relation et la rencontre. Lorsqu’elle est partagée, elle contribue au lien. Essentielle au bien-être.
Elle est déclenchée par l’expérience ou l’anticipation d’un évènement positif, par le fait que les besoins fondamentaux sont comblés.
! Et pour autant, certaines personnes peuvent ne pas s’autoriser à ressentir de la joie, par perfectionnisme.
Corinne, 50 ans
Corinne organise une soirée avec des amis, elle est heureuse de les voir, elle se sent bien, elle éprouve de la joie.
En même temps, elle veut que tout soit parfait, elle éprouve des difficultés à lâcher prise, son perfectionnisme va la pousser à “mettre les petits plats dans les grands”. La joie pourrait être un peu assombrie par son besoin de perfectionnisme.
Il existe des dérivés de ces émotions primaires, voire des combinaisons. Prenons un exemple
La Culpabilité
La culpabilité exprime un besoin d’acceptation inconditionnelle, le besoin de partager avec autrui et de valoriser ses valeurs, le besoin d’être en accord avec son idéal de soi.
La culpabilité est déclenchée par des situations où on estime avoir manqué à son éthique personnelle, où on a l’impression d’avoir mal agi, l’impression de ne pas avoir fait quelque chose de nécessaire….un sentiment de toute puissance.
Pour éviter de ressentir de la culpabilité, l’être humain peut avoir tendance à arrêter la relation. Cette culpabilité peut déclencher une perte d’énergie, ou entraîner des pensées obsédantes.
Sabine, 41 ans
Sabine a un idéal de wonder woman. Elle veut réussir à tout gérer en tant que professionnelle, épouse, mère. Elle ne souhaite pas déléguer, les choses ne seraient pas faites comme elle l’imagine. Entre autres, elle ne souhaite pas faire garder ses enfants par quelqu’un d’extérieur à la famille. Elle n’a plus une minute à elle, et elle finit par manquer de patience avec ses enfants. Son image de mère parfaite est égratignée et elle risque de ressentir la culpabilité. Elle se sent impuissante au final.
Et vous, quel rapport entretenez-vous avec vos émotions ?
Vous considérez que votre sensibilité émotionnelle est une difficulté, voire un handicap.
Vous voulez 👍
- mieux comprendre votre fonctionnement émotionnel
- les apprivoiser et établir un partenariat avec elles
- prendre conscience de votre intelligence émotionnelle
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